Feu vert pour le méga-méthaniseur de Cérilly : FNE 21 veille au grain

La préfecture a publié les autorisations préfectorales du méthaniseur sur les communes de Cérilly et Sainte-Colombe, en Côte d’Or. FNE Côte d’Or s’était fermement opposée à ce projet industriel, 2e plus gros méthaniseur de France, soumis au régime des installations classées, porté par Dijon Céréales et qui s’étend sur 4 départements. Parmi les multiples raisons de cette opposition, ce projet pose la question de la concurrence entre les cultures alimentaires et énergétiques. Il va également ancrer un modèle agricole industriel pour les décennies à venir, sans répondre aux enjeux environnementaux et climatiques. 

L’association participera à la commission de suivi du site. Dans ce cadre, elle sera particulièrement vigilante sur le respect de la réglementation, comme le rappelle Martine Petit, présidente de France Nature Environnement Côte d’Or :

Ce projet de méthaniseur XXL pose toujours de nombreuses questions ; les risques que nous avions identifiés demeurent. Nous serons particulièrement attentifs aux moyens alloués aux contrôles du plan d’épandage, aux matières premières utilisées et aux moyens mis en place pour éviter les pollutions de l’eau et de l’air. Nous ne laisserons passer aucun écart.

Un projet titanesque… 

Dès l’enquête publique de juin 2022, France Nature Environnement Côte-d’Or a exprimé son opposition au projet de méthaniseur sur les communes de Cérilly et Sainte-Colombe. Nous rappelons les impacts négatifs sur la qualité d’eau, la biodiversité, le cadre de vie et le climat pour les habitants.

La taille XXL de ce projet avec un plan d’épandage sur 4 départements, 260 communes, plus de 40 000 ha, un parc national, le site de l’Abbaye de Fontenay classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, principalement sur des zones sensibles à la pollution des eaux, alimenté par des cultures faisant concurrence à la vocation alimentaire des terres agricoles, va ancrer un modèle agricole industriel pour les décennies à venir sans répondre aux enjeux environnementaux et climatiques.

… aux impacts multiples

France Nature Environnement alerte sur les risques à court terme : sur la réalité des volumes d’approvisionnement, sur les risques de pollution de l’eau et de l’air par les épandages de digestats, sans compter le passage jusqu’à 280 camions dans la journée. Nous rappelons une analyse déjà partagée dans l’enquête publique :

Risque naturel et eaux : Le site est exposé à un aléa de moyenne densité d’indices « affaissements effondrements » avérés, matérialisé par la présence d’une doline. Une vulnérabilité importante de la ressource en eaux souterraines existe du fait des sols karstiques, avec des risques de pollution accidentelle, notamment pour le forage du « Coteau savoyard » situé à Sainte-Colombe-sur-Seine, à 1 km au nord-est des installations qui seront localisées sur la commune de Cérilly.

Biodiversité, habitats naturels : la flore et la faune risquent d’être impactées par l’épandage qui couvrira près de 45 000 ha dont 93 zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (Z.N.I.E.F.F.), le Parc Naturel régional de la Forêt d’Orient et les étangs de la Champagne humide qui accueillent une faune et une flore remarquables.

Cadre de vie : risques liés à l’exploitation d’une installation classée pour la protection de l’environnement soumise à autorisation (incendie, explosion…), au trafic routier lourd (en mai, période de récolte, 280 rotations journalières par camions pour l’approvisionnement des sites de méthanisation et de stockage – le reste de l’année 46 rotations par jour pour le transport des digestats), aux nuisances sonores et olfactives, à la dévaluation du patrimoine et de l’attrait touristique (Parc national des forêts de Champagne et de Bourgogne).

Climat – Sols – Alimentation : Les sols du Châtillonnais en zone karstique fragile sont particulièrement sensibles aux variations climatiques. Aussi, l’alimentation du méga-méthaniseur en CIVE récoltée en mai, et la volonté de réussir la culture principale qui suivra, semée en mai, sans irrigation, relève d’un pari quasi intenable dans le contexte du changement climatique. Cette situation imposera des compromis de gestion et d’objectifs entre les deux cultures. En outre, l’autonomie alimentaire locale en sera réduite, affectant même certaines productions fourragères nécessaires aux élevages.

France Nature Environnement sera particulièrement vigilante dans le cadre de sa participation à la commission de suivi du site : les moyens alloués aux contrôles du plan d’épandage, des matières premières utilisées et des moyens mis en place pour éviter les pollutions.

Voici les liens vers les autorisations publiées :