PLUiHD Métropole

 

Suite aux demandes de personnes extérieures concernant la participation du CAPREN dans l’élaboration du PLUiHD de Dijon-Métropole, je publie le contenu des remarques que j’avais adressé à Monsieur le Président de Dijon-Métropole à propos des orientations du document d’urbanisme ainsi qu’énoncées dans le plan d’aménagement et de développement durable. 

« Après examen, l’orientation générale du PADD vise à déterminer les grandes orientations d’aménagement de la Métropole pour les dix prochaines années (2020-2030). Très clairement, il organise les transitions (déplacement, travail, habitat, agriculture, économie, alimentation). En effet, il crée les conditions d’une Métropole qui se projette dans la société post-carbone, qui  s’engage dans la sortie du pétrole et plus globalement des énergies fossiles.

Il permet de répondre aux besoins des populations tout en respectant les cycles naturels, au territoire de s’adapter aux effets du changement climatique (réduction des émissions de C02), d’être moins vulnérable face aux aléas naturels, de préserver les ressources et la santé des habitants (réduction des polluants – prévention des risques). L’innovation réside dans le fait que la nature préservée -et non son exploitation- joue une fonction sociale, économique au service de l’intérêt général et du bien vivre ensemble.

Ce document se doit d’être ambitieux, à la hauteur des enjeux planétaires liés au réchauffement climatique.

Artificialisation des sols : 

  • En termes de croissance démographique, l’objectif de + 0,5 % se traduit par la nécessité de construire plus de 15 000 logements sur la période 2020-2030 dont plus de 14 000 en production neuve et autour de 1 000 en mobilisation de l’existant. Cet aspect paraît peu équilibré. La rénovation de l’existant ou la mobilisation de logements vacants pourrait être plus importante que la construction neuve. A mon avis, une piste à travailler davantage.
  • A souligner les nouveaux modes d’habitat comme l’habitat participatif.
  • Concernant les activités économiques, entre 2020 et 2030, 170 ha pour finaliser les deux phases de Beauregard et Ecoparc. A noter la  reconquête des terrains vacants ou délaissés dans les zones d’activités existantes (Longvic et entrée sud) ainsi que la densification du bâti dans les zones industrielles. Alors est-il nécessaire de créer de nouvelles réserves foncières sur l’existant.
  • Un point fort, l’arrêt des constructions des nouvelles zones commerciales à proximité des pôles urbains pour favoriser les petites et moyennes surfaces dans le tissu urbain existant, une signe encourageant pour les commerces de proximité dans les villes centres.

Cependant, il en résulte encore 260 ha d’artificialisation des sols, même s’il y a une diminution de 30 % par rapport à la période précédente. Qu’en est-il de l’artificialisation  des terres programmée entre 2020 et 2030 ?

Mobilités, réduction des émissions de CO2

Pour améliorer l’offre de service de transports alternatifs à la voiture, les éléments suivants devraient être pris en compte :

  • étendre le réseau de transports collectifs (tram et bus), en particulier dans l’est dijonnais peu pourvu,
  • prévoir des aires de stationnement et de covoiturage dans toute la périphérie vers le centre mais également les pôles d’activités et les grands axes de circulation, celles existantes étant insuffisantes et limitées essentiellement à l’accès du tramway,
  • installer davantage de bornes de recharges électriques,
  • utiliser l’étoile ferroviaire en tram-train, afficher la volonté de préserver les dessertes ferroviaires comme Neuilly-les-Dijon, développer la gare Porte-Neuve avec incitation au report modal,
  • travailler sur des alternatives d’accès concernant la pénétrante sud-est en direction de la plaine dijonnaise ; cette pénétrante est quasiment absente du document et les flux en provenance de la RD 905 et de l’A39 sont en évolution constante (accès au centre, au CHU, aux facultés, aux zones d’activités Dijon-sud, Dijon-nord, Longvic, etc…depuis la plaine mais également de la région),
  • poursuivre la mise en place de zones piétonnes, notamment à proximité des équipements scolaires, culturels et sportifs, entrée de la ville depuis la cité de la gastronomie, etc…
  • valoriser les modes de déplacement doux,
  • ouvrir une réflexion sur l’instauration de zones de circulation restreinte,
  • réfléchir au devenir de la base aérienne Dijon-Longvic en raison des zones d’habitation proches. 

Ville résiliente 

  • Eau : le déploiement d’une politique d’économie de l’eau doit être engagé dans tous les domaines : domestique, agricole, industriel et touristique, passant par la gestion alternative des eaux pluviales, non seulement en agriculture et vers les habitants, mais étendue aux entreprises.
  • La mise en place de bassins destinés aux eaux de ruissellement pour les bassins Ouche-Suzon afin d’optimiser le fonctionnement de la station d’épuration Dijon-Longvic, de lutter contre les inondations et de reconquérir le bon état des cours d’eau.
  • Déchets : le PADD aurait pu insister sur la réduction des déchets à la source, en complément du développement des filières de recyclage, grâce à la création de nouveaux outils en plus des actions déjà menées sur le compostage. Un plan régional de gestion et d’élimination des déchets est en cours d’élaboration : les dispositions retenues intéressant la métropole devront être intégrées au futur PLUi HD.
  • Nuisances : la pollution atmosphérique notamment pour les habitants exposés en bordure des grands axes, LiNO, boulevard de ceinture, etc… doit être un objectif d’étude sérieuse afin de réduire les nuisances occasionnées, causes de problèmes de santé.
  • Rénovation : Les conditions de rénovation de l’habitat ancien imposées par la transition énergétique doivent être accompagnées par la collectivité.

Agriculture – santé environnement 

Le P.A.D.D. doit affirmer qu’il est temps d’engager la transition agricole et alimentaire d’un modèle qui ne rémunère plus les agriculteurs, détruit le tissu social, menace l’environnement et la santé.

Il s’agit, non pas de se contenter d’un mix agricole, mais d’accompagner l’émergence d’un nouveau modèle, une agriculture paysanne, qui met l’agronomie au cœur de ses pratiques et abandonne la chimie. De plus :

  • Il ne peut plus y avoir de notion de productivisme : les produits phytosanitaires utilisés sont néfastes à la santé humaine et à la ressource en eau
  • le P.A.D.D. prévoit un programme de plantations de haies ; toutefois, il ne doit pas y avoir arrachage aux haies existantes, cette pratique est en contradiction avec la politique d’économie de l’eau, la restauration de la trame verte agricole et la protection de la biodiversité
  • Le développement de l’irrigation et des bassins de stockage doit être prévus dans l’objectif unique de respecter le cycle de l’eau en agriculture, ces mesures ne peuvent s’appliquer qu’aux modes de production économes en eau comme les systèmes de culture agro-écologique (rotation des cultures, variétés cultivées économes en eau …
  • Un recensement des zones agricoles exploitées situées en bordure des zones habitées, lotissements, doit être prévu afin d’étudier la possibilité d’interdire tout traitement phytosanitaire. 

Biodiversité 

Au-delà d’une politique de préservation, c’est une politique de reconquête de la biodiversité qu’il convient d’afficher clairement.

  • Les trames vertes et bleues, ZNIEFF, zones Natura 2000 seront protégées et clairement reportées au plan ; elles seront complétées par les espaces naturels, plans d’eau, riches en biodiversité où toute activité sera interdite
  • En cas de discontinuité écologique, des corridors de jonction peuvent être matérialisés afin de relier la diversité extérieure avec le tissu urbain
  • Une trame des jardins est à inscrire ainsi que la végétalisation des espaces les plus minéralisés ; en cas de manque d’espaces, des murs végétalisés peuvent être envisagés
  • Une trame verte en bordure des pistes cyclables permettrait d’une part de délimiter et de sécuriser les cyclistes et d’autre part, d’apporter des espaces verts véritables filtres à la pollution

L’éducation et la sensibilisation doivent être engagées dans les écoles, collèges, lycées voire au-delà ainsi qu’à l’occasion de toute manifestation. »

Le CAPREN propose que des bilans réguliers quant à  la réalisation des préconisations inscrites au PLUiHD soient effectués avec les personnes publiques associées. 

Par ailleurs, le CAPREN reste en attente de l’évolution promise par Monsieur le Maire de Dijon et Président de Dijon-Métropole pour le secteur des Lentillères ; un travail collégial sur le devenir de la zone doit être entrepris. Certes, de nombreux dossiers sont ralentis par la crise sanitaire actuelle mais je rappelle que des engagements ont été pris sur ce dossier, engagements postérieurs à l’approbation du PLUiHD.