Réchauffement climatique, ouverture le 2 décembre de la COP 24 en Pologne

La Conférence sur le climat (COP24) qui s’ouvrira à Katowice, en Pologne, le 2 décembre 2018, s’annonce tendue. Un rapport publié hier par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) rappelle en effet que les engagements annoncés par les pays signataires de l’accord de Paris — s’ils sont tenus — placent notre planète sur une trajectoire de réchauffement de plus de 3 °C d’ici la fin du siècle. Élimination du CO2 de l’atmosphère et géoingénierie, ce terme se rapportant à un ensemble de techniques imaginées à l’échelle planétaire afin de contrer le changement climatique. nous aideront-elles à éviter le pire ? De ce sommet climatique devront sortir les règles d’application de l’Accord de Paris. Les négociateurs devront aussi poser les bases du premier bilan des politiques climatiques nationales. 

Afin de décrypter les événements et les informations qui vont être rapportés durant les jours à venir, voici quelques rappels.

Qu’est-ce qu’une COP ?

Une « Conference of the Parties » est une discussion internationale qui réunit les nations ayant signé la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC, ou UNFCCC en anglais). Elle date du sommet de Rio de Janeiro, en 1992, une dizaine d’années après que des scientifiques ont commencé à alerter les politiques sur un effet des activités humaines sur le climat de la planète.

Qu’est-ce que le protocole de Kyoto ?

Ce protocole a été signé en 1997 à la COP 3 de Kyoto au Japon et impose aux pays qui l’ont ratifié une réduction de 5 % de leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport à leur niveau de 1990, entre 2008 et 2012. Entré en vigueur en 2005, le protocole de Kyoto est devenu obsolète car le Canada, les États-Unis et la Russie ne l’ont pas ratifié, tandis que la Chine, pays considéré « en développement » à la signature du traité, n’était pas concernée.

Qu’est-ce que l’accord de Paris ?

C’est l’accord obtenu lors de la COP 21 qui s’est tenue au Bourget du 30 novembre au 12 décembre 2015. C’est le premier du genre après le protocole de Kyoto et c’est aussi le premier à concerner tous les pays, industrialisés ou non. Son objectif est de maintenir le réchauffement climatique « bien au-dessous de 2 °C » et de « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C [par rapport aux niveaux préindustriels] ».

La communauté scientifique estime inatteignable la limite de 1,5 °C et peu probable la possibilité de rester en dessous de 2 °C. Toutefois, des engagements ont été pris pour aller dans ce sens. Pour entrer en vigueur, ce traité devait être ratifié par au moins 55 pays responsables d’au moins 55 % des émissions de gaz à effet de serre. Avec la signature de l’Union européenne, ce critère a été rempli le 4 octobre 2016 et le traité est, comme il était prévu, entré en vigueur, un mois plus tard, donc le 4 novembre 2016.

Sur le front de la lutte contre le réchauffement climatique, des progrès sont réalisés tous les jours. Pourtant, les nouvelles ne sont toujours pas bonnes. Nous continuons de battre des records d’émission de CO2. À la veille de l’ouverture de la 24e Conférence sur le climat (COP24), les experts tirent une fois de plus la sonnette d’alarme. « L’écart entre le niveau actuel des émissionset le niveau nécessaire à garder la hausse des températures, ne serait-ce qu’en deçà des 2 °C, est plus grand que jamais », prévient Philip Drost, coordinateur d’un rapport publié hier par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).

Agir rapidement 

Sur la base des dernières données disponibles, les pays devraient tripler leurs efforts. Et même le multiplier par cinq s’ils veulent maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 1,5 °C. En effet, en l’état actuel des engagements pris par les 196 pays signataires de l’accord de Paris pour diminuer leurs émissions d’ici 2030, le réchauffement global atteindrait… les 3,2 °C d’ici la fin du siècle ! « Il y a tant de chemin à parcourir, et nous devons agir rapidement. Pas dans des décennies. Maintenant ! » souligne Philip Drost.

En 2017, les émissions ont atteint un niveau historique de 53,5 Gt équivalents CO2. Pour  contenir le réchauffement climatique à 2 °C, il faudrait émettre en 2030, au maximum 40 Gt CO2. Or, selon un rapport publié hier par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), les actions mises en place aujourd’hui, si elles se poursuivent simplement à ce rythme, conduiront à des émissions de… 59 Gt à cette échéance. (UNEnvironment, Twitter) 

Pomper le CO2 atmosphérique

Pour le GIEC, la réduction des émissions de gaz à effet de serre ne suffira pas, car le CO2 déjà présent dans l’atmosphère est susceptible d’affecter le climat pendant des centaines, voire des milliers d’années. Les climatologues suggèrent donc de recourir à des méthodes d’élimination ou de séquestration du CO2 atmosphérique. Dans ce cadre, et pour commencer par les solutions les plus économiques, procéder au reboisement systématique des forêts endommagées et épuisées apparaît comme une solution opportune. En effet, les arbres piègent naturellement le CO2. Mais ils mettent aussi longtemps à pousser et leur croissance est soumise aux risques de feux de forêts ou de sécheresse. La séquestration du CO2 par les sols — lorsque les plantes qui l’ont absorbé se décomposent — semble plus simple à mettre en œuvre, mais la saturation menace à une échelle de temps très réduite — de 10 à 100 ans seulement.

D’autres solutions sont étudiées par les chercheurs et les ingénieurs. Bioénergie avec capture et stockage de carbone (BECCS), minéralisation du CO2, capture directe, fertilisation des océans, etc. Mais qu’il s’agisse de leur coût ou de potentiels dommages collatéraux, aucune ne semble aller sans son lot d’inconvénients.

La géoingénierie devient techniquement envisageable

En parallèle, les chercheurs étudient la possibilité de mettre en œuvre des solutions dites de « géoingénierie », des techniques qui seraient mises en œuvre à l’échelle de la planète dans l’objectif de contrer le réchauffement climatique. Des travaux menés par des chercheurs américains concluent que certaines de ces solutions sont aujourd’hui techniquement envisageables à un coût raisonnable. Ils se sont intéressés à l’idée d’injecter des sulfates dans la stratosphère pour tâcher de réduire le forçage radiatif anthropique.

Les chercheurs avancent même quelques pistes de design pour l’avion qui pourrait s’acquitter de cette mission : par exemple, un avion de ligne à fuselage étroit, mais avec une surface d’ailes et une poussée doublée pour assurer un vol à quelque 20 km d’altitude. Pour être efficace, une flotte de ces avions devrait assurer 4.000 missions dès la première année et jusqu’à 60.000, la quinzième année d’un programme qui, de manière évidente, ne pourrait pas être mené en secret par un seul pays. Une chance, car l’étude ne se prononce ni sur les critiques faites à l’idée de contrer le réchauffement avec du soufre ni sur les conséquences que cela pourrait avoir, notamment sur la couche d’ozone.

Une étude montre que la plantation d’arbres et l’amélioration de la gestion des prairies, des terres agricoles et des zones humides pourraient piéger 21 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre des États-Unis à un coût relativement bas. © Jonas Weckschmied, Unsplash 

A retenir

      La 24e Conférence sur le climat se tiendra en Pologne du 2 au 14 décembre 2018.

      Rapport des Nations unies appelle les États à tripler leurs efforts en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

      Limiter les émissions de CO2 pourrait ne pas être suffisant à éviter la surchauffe.

      Des chercheurs étudient des solutions de stockage du CO2 et plus largement, de géoingénierie.

 

Article Nathalie Mayer, Journaliste, FUTURA