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Loi Duplomb adoptée : le combat pour la santé continue
Le 8 juillet, les député·es ont voté la loi Duplomb contre l’avis des scientifiques, des soignant·es, des apiculteurs, des syndicats et des citoyen·nes. Ce texte dévastateur pour la santé, la biodiversité et l’agriculture paysanne, porté par le syndicat agricole FNSEA et l’agrochimie, réautorise les néonicotinoïdes, facilite les élevages industriels, sacralise les mégabassines et affaiblit les régulations sur les pesticides.
Pour FNE 21, Colette, référente Santé-Environnement, revient sur trois poisons réautorisés dans cette loi : l’acétamipride, le sulfoxaflor et la flupyradifurone.
Des impacts sur la santé humaine, animale et sur l’environnement
En s’attaquant directement au système nerveux, les néonicotinoïdes sont des insecticides particulièrement redoutables. Et leurs effets ne s’arrêtent évidemment pas aux insectes jugés “nuisibles” pour les cultures agricoles. Un rapport de l’agence de l’EFSA a notamment montré que les néonicotinoïdes augmentent la mortalité des abeilles ; il rejoint les conclusions de nombreuses études scientifiques. La Commission Européenne, sur la base des conclusions de l’EFSA, a interdit l’utilisation de plusieurs néonicotinoïdes, sauf sous serre.
L’acétamipride, responsable de troubles du neurodéveloppement chez les jeunes enfants et les fœtus
L’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) a rendu plusieurs avis sur les risques associés à l’acétamipride. En 2022, l’agence note « la possibilité d’une sensibilité inter-espèces élevée des oiseaux et des abeilles à l’acétamipride ».
En 2024, dans un nouvel avis, elle met en évidence un risque de toxicité pour le neurodéveloppement. De nouvelles publications scientifiques convergent vers ces conclusions, confirmant les risques de trouble du neurodéveloppement chez les jeunes enfants et les fœtus.
En 2025, le Conseil d’Etat quant à lui, rappelle l’existence « d’études scientifiques faisant état de la présence de métabolites de cette substance dans le liquide cérébrospinal de la grande majorité d’une cohorte d’enfants soignés pour un cancer lymphoïde ».
Le flupyradifurone, présent dans nos eaux souterraines
Une évaluation de risque menée en 2015 par l’EFSA indique un potentiel très élevé de contamination des eaux souterraines, avec un risque de dépassement de la limite de qualité de 0,1μg/L pour tous les usages de la substance.
En ce qui concerne le risque spécifique pour les abeilles, des recherches récentes ont révélé une mortalité de 100 % chez une espèce d’abeille solitaire (Osmia lignaria), même à des doses d’application normales.
Alors que des alertes existent, le potentiel perturbateur endocrinien n’a encore jamais été évalué.
Le sulfoxaflor, considéré “à risque élevé pour les arthropodes non ciblés”
Bien que le sulfoxaflor ne soit autorisé dans l’UE que sous serre, l’EFSA indiquait déjà dans une évaluation en 2014 pour cette substance “un risque élevé, tant en champ qu’en dehors, pour les arthropodes non ciblés.”
En matière de toxicologie humaine, l’EFSA recommandait d’investiguer correctement les effets génotoxiques (altérations chromosomiques ou autres dommages au génome augmentant potentiellement le risque de cancer ou de maladies héréditaires). Pourtant aucune demande de données confirmatives n’a été adressée au fabricant.
Le Conseil d’Etat en 2025 a jugé quant à lui que « la circonstance que l’usage du sulfoxaflor reste autorisé, au niveau européen, sous serres permanentes n’est pas de nature, en tant que telle, à démentir l’existence des risques pour la santé humaine ou animale ou l’environnement établie par les données et études scientifiques ».
Et maintenant ?
N’en déplaise aux défenseurs de la loi Duplomb, les effets délétères des néonicotinoïdes sont connus et étudiés depuis longtemps, et des expérimentations réussies, notamment dans les secteurs des filières noisette et betterave sucrière, ont démontré que des méthodes alternatives existent.
Pour la santé de toutes et tous, et de notre environnement, aux côtés de nombreuses associations, FNE 21 défend une bio vivante, locale, équitable et accessible à toutes et tous !
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